La Chine tente de réglementer le secteur du soutien scolaire, source d’inégalités
Le premier coup était parti au printemps : des avertissements puis des amendes équivalentes à plusieurs millions d’euros avaient refroidi l’appétit des investisseurs pour les start-up chinoises de l’éducation. Cette fois, c’est le K.-O. Une série de mesures annoncée samedi 24 juillet va changer la face du secteur. Alors que la natalité chute en Chine, les autorités cherchent à réduire le coût de l’éducation, une des raisons qui font hésiter les couples d’avoir des enfants.
Samedi, donc, le Conseil des affaires de l’Etat (le gouvernement) a annoncé l’interdiction d’enregistrer de nouvelles entreprises dans le secteur du soutien scolaire, et l’obligation pour celles qui existent déjà de devenir des entités à but non lucratif. Les nouvelles règles interdisent aussi les cours le week-end et pendant les vacances scolaires, pour les sujets enseignés à l’école publique. Selon le ministère de l’éducation, le secteur avait été « gravement détourné par le capital », une tendance qui « dénaturait l’éducation comme service public ». En 2018, cette industrie pesait 260 milliards de dollars (220 milliards d’euros), selon le cabinet d’études L.E.K. Consulting.
Face à de telles restrictions, les entreprises ont plongé en Bourse, les investisseurs se montrant particulièrement méfiants. « Le niveau de restructuration nécessaire pour les entreprises du secteur n’est pas clair avec ce nouveau régime, donc, selon nous, cela rend ces actions presque impossibles à acheter », a jugé JPMorgan Chase, dans une note, samedi. Depuis son pic de février, la valeur de l’action New Oriental a ainsi été divisée par dix et celle de TAL Education Group par 22.
Amendes et supervision
La dégringolade avait commencé dès mars, après un avertissement du président, Xi Jinping, qui suggérait que la régulation du secteur irait plus loin que celle d’autres secteurs des technologies, comme la finance ou la vente en ligne. Le président de la République et secrétaire général du Parti communiste chinois avait présidé plusieurs réunions sur le sujet, mettant en garde contre les charges de travail excessives pour les enfants, et rappelant que l’éducation devait avant tout avoir des fins non lucratives.
D’après la Société chinoise de l’éducation, sept enfants sur dix reçoivent des cours extrascolaires entre la maternelle et le bac dans les grandes villes
Peu après, l’autorité de régulation des marchés a sanctionné des écoles privées et reporté leur rentrée de printemps, pour « fausse publicité » ou « promotion non proportionnée ». Le 1est juin, quinze entreprises dans le secteur du soutien scolaire ont été condamnées à des amendes de plusieurs dizaines de millions de yuans (plusieurs millions d’euros) pour avoir « porté atteinte aux droits légitimes et aux intérêts des étudiants ». L’institution de contrôle a aussi annoncé la mise en place d’un organe de supervision spécifique pour ce secteur. Dans la foulée, le ministère de l’éducation se dotait lui aussi d’un groupe spécifique.
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