Entre Facebook et Apple, le bras de fer pourrait prendre un tournant judiciaire
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Facebook prépare depuis des mois un dossier pour engager des poursuites contre les pratiques d’Apple, jugées anticoncurrentielles, d’après le site The Information.
Facebook prépare depuis des mois un dossier pour engager des poursuites contre Apple et ses pratiques perçues comme anticoncurrentielles, selon le site The Information, alors que la tension monte entre le fabricant de l’iPhone et plusieurs grandes sociétés.
Le géant des réseaux sociaux a fait appel à un cabinet d’avocats pour préparer une plainte qui accuserait Apple « d’abuser de son pouvoir sur le marché des smartphones pour forcer les développeurs d’applications à suivre des règles de l’App Store que les propres applications d’Apple n’ont pas à suivre », selon un article publié par The Information jeudi.
Une transparence accrue chez Apple
La dernière mise à jour du système d’exploitation mobile iOS d’Apple, prévue pour cette année, va obliger les éditeurs d’applications à faire preuve de transparence sur la collecte et l’utilisation des informations personnelles des utilisateurs. Ils devront aussi demander aux usagers leur permission pour les suivre à la trace, une fonctionnalité essentielle pour le ciblage publicitaire.
Or, les développeurs d’applications, des réseaux sociaux aux jeux vidéo en passant par l’e-commerce, le divertissement ou la bureautique, n’ont pas d’autre choix que de passer par l’App Store, la plateforme de téléchargement d’iOS, pour atteindre les centaines de millions de consommateurs équipés d’iPhone ou d’iPad.
Moins de publicités ciblées
« Comme nous l’avons dit à plusieurs reprises, nous pensons qu’Apple se comporte de façon anconcurrentielle en utilisant son contrôle de l’App Store pour dégager plus de profits et aux dépens des petits éditeurs et petites entreprises », a réagi un porte-parole de Facebook pour l’AFP, sans confirmer une éventuelle plainte en préparation.
« Apple a tout intérêt à utiliser sa position de plateforme dominante pour interférer avec la manière dont nos applications et d’autres applications fonctionnent. Et ils le font régulièrement, en privilégiant les leurs au détriment de la croissance de millions de sociétés dans le monde », s’est emporté Mark Zuckerberg, le patron du groupe californien, lors de la présentation aux analystes des résultats trimestriels.
« Les changements d’iOS 14 signifient que de nombreuses PME ne pourront plus cibler leurs clients avec des pubs personnalisées. Apple peut dire qu’ils font ça pour aider les gens mais cela sert clairement leurs intérêts », a-t-il continué. Le milliardaire voit désormais son voisin comme l’un de ses « plus grands rivaux ».
Le « mépris » d’Apple
De son côté, le patron d’Apple, Tim Cook, ne semble d’ailleurs pas beaucoup apprécier son homologue chez Facebook. Lors d’une conférence jeudi à Bruxelles sur la confidentialité des données, il s’en est pris à Facebook sans le nommer, condamnant « les théories du complot alimentées par les algorithmes », selon des propos rapportés par la presse américaine.
« Nous ne pouvons plus fermer les yeux sur la théorie selon laquelle toutes les interactions en ligne sont bonnes, et plus elles durent mieux c’est », a-t-il déclaré. « Si une société est fondée sur la capacité à tromper les utilisateurs, sur l’exploitation des données, sur des choix qui n’en sont pas, elle ne mérite pas nos éloges. Elle mérite notre mépris ».
Le modèle économique de grandes plateformes numériques comme Facebook et Google repose sur des services gratuits et un ciblage publicitaire très fin à très grande échelle. Apple, leur voisin dans la Silicon Valley, tire ses revenus des ventes d’appareils électroniques et aussi de services en ligne sur abonnement (stockage, musique, etc.).
Une commission de 30% qui passe mal
Facebook n’est pas le seul à vouloir en découdre avec la marque à la pomme. Plusieurs sociétés lui reprochent depuis des années la commission qu’elle prélève sur les transactions des consommateurs réalisées via l’App Store, qui peut s’élever jusqu’à 30%. Epic Games, l’éditeur du populaire jeu vidéo Fortnite, a tenté de contourner le système de paiement d’iOS: Apple a banni l’application de ses appareils jusqu’à l’été 2021. Un procès est en cours.
Le groupe de Cupertino n’a pas répondu à une requête de l’AFP. Il met régulièrement en avant son souci de protéger la confidentialité des données et un niveau de commission équivalent à celui d’autres plateformes, dont celle de Google, nécessaire pour assurer la sécurité des transactions.
Les autorités américaines accusent la plupart des géants de la tech d’abus de position dominante dans différents secteurs. Des poursuites sont déjà engagées contre Google et Facebook.
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