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Jeux vidéo. Qu’est-ce que « Deltarune » dont le chapitre 2 vient de sortir ?

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« Deltarune », le jeu fleuve de Toby Fox, sera divisé en 7 chapitres.


© Toby Fox
« Deltarune », le jeu fleuve de Toby Fox, sera divisé en 7 chapitres.

Sans crier gare, le chapitre 2 de « Deltarune », la suite spirituelle d’« Undertale », est sorti du chapeau de Toby Fox, son créateur, toujours à contre-courant des canaux de communication classique du jeu vidéo. L’occasion pour nous de vous rappeler en quoi consiste cette étonnante licence à l’héritage impossible à porter et à l’univers tantôt mignon, tantôt angoissant.

L’autodidacte Toby Fox aime jouer au petit malin et ne s’embarrasse pas de communication, de bande-annonce et autres futiles communiqués de presse. Le 31 décembre 2018, alors que la scène indépendante peinait encore à se remettre de l’insolent succès critique et commercial de son jeu de 2015, Sous-titre, il demande poliment à ses très nombreux fans (1 million d’abonnés sur Twitter, ce qui est invraisemblable pour un développeur de jeux vidéo indépendant) de télécharger une application au nom suspect de SONDAGE_PROGRAMME (PROGAMME_DE_SONDAGE).

Une fois récupéré sur son ordinateur, l’antivirus de Windows s’active et nous explique que le logiciel est potentiellement dangereux et qu’on ne devrait pas l’ouvrir. Les plus braves (des centaines de milliers de personnes en réalité) prendront leur courage à deux mains et le lanceront malgré tout pour découvrir qu’il s’agit d’un jeu : Deltarune. Les plus attentifs auront remarqué qu’il s’agit d’une anagramme de son premier titre. Néanmoins, ceux qui sont parvenus au bout des deux à trois heures d’aventure constateront qu’ils n’ont touché qu’au prologue d’un projet bien plus ambitieux.



Dans « Deltarune », quand les ennemis attaquent, le joueur doit éviter des projectiles dans une zone de jeu.


© Toby Fox
Dans « Deltarune », quand les ennemis attaquent, le joueur doit éviter des projectiles dans une zone de jeu.

Avance rapide, trois ans plus tard, le vendredi 17 septembre 2021, fort d’une équipe de développement maintenant constituée (parce que jusqu’ici, l’homme travaillait seul ou presque), le chapitre 2 débarque encore une fois sans aucune espèce d’annonce préliminaire, si ce n’est un préavis sur les réseaux sociaux, deux jours avant. Le week-end qui a suivi, les impatients se sont donc réservé un créneau pour promptement se mettre à jour sur ce qu’il se passe dans ce second volet, car, comme dans le cadre de la sortie d’un nouvel épisode de Game of Thrones ou du dernier film Marvel à la mode, les nouvelles vont très vite sur internet et on est rapidement terrifié à l’idée de se faire gâcher la surprise. En effet, la communauté des fans des jeux de Toby Fox est régulièrement taxée d’un enthousiasme envahissant, voire toxique, surtout pour les nouveaux venus.



Dans « Deltarune », on peut convaincre ses ennemis d’arrêter le combat plutôt que de faire recours à la violence. C’est même encouragé.


© Toby Fox
Dans « Deltarune », on peut convaincre ses ennemis d’arrêter le combat plutôt que de faire recours à la violence. C’est même encouragé.

Concrètement, c’est quoi ?

Deltarune narre les pérégrinations de Kris, un — ou une, c’est à dessein que l’ambiguïté n’est jamais levée — jeune élève du lycée d’une petite bourgade. Le personnage se fait fréquemment maltraiter par une brute, Susie, qui n’hésite pas à menacer Kris dans les couloirs de l’établissement. Dans une péripétie façon Narnia, les deux vont être propulsés dans un univers onirique en pénétrant dans un cagibi. Ils feront la connaissance du sorcier Ralsei qui leur demandera leur assistance pour sauver son monde.



On est encore loin de certains autres jeux indépendant en termes de « pixel art », mais force est de reconnaître que « Deltarune » s’améliore de chapitre en chapitre.


© Toby Fox
On est encore loin de certains autres jeux indépendant en termes de « pixel art », mais force est de reconnaître que « Deltarune » s’améliore de chapitre en chapitre.

Il s’agit d’un jeu de rôle « à la japonaise » (dans le jargon, on dit JRPG, pour Jeu de rôle japonais) qui reprend dans les grandes lignes la philosophie de design d’Sous-titre. On parle donc d’affrontement au tour par tour assez dynamique, dans lesquels le protagoniste peut attaquer ou bien effectuer diverses actions afin de convaincre son adversaire de renoncer au combat de lui-même. Il est ainsi possible de finir le jeu sans tuer personne. Dans Sous-titre, cela pouvait même aboutir à des changements drastiques de scénario.



Dans « Deltarune », ces grands félins vous attaquent en vous lançant des pelotes de laine. Ce qui est logique, au fond.


© Toby Fox
Dans « Deltarune », ces grands félins vous attaquent en vous lançant des pelotes de laine. Ce qui est logique, au fond.

L’intérêt principal du titre vient de ses personnages hauts en couleur. Largement inspiré des jeux Mère par Nintendo (série très peu connue en Occident, et encore moins en Europe), il propose des dialogues à l’écriture décomplexée et hors cadre, voguant régulièrement entre l’absurde et le touchant. Avec Deltarune, on rit de bon cœur !

Cependant, la patte Toby Fox, c’est également souffler le chaud et le froid, car après le confort émotionnel, c’est bien l’angoisse psychologique qui peut s’installer, surtout pour ceux qui veulent pousser le scénario dans ses derniers retranchements. La dissonance cognitive omniprésente dans cette œuvre est certainement ce qui a créé le plus de fascination au sein des adeptes.

Sous-titre et Deltarune partagent un très grand nombre de personnages. Toutefois, Toby Fox insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une suite. Un peu comme une troupe de comédiens qui se retrouveraient pour interpréter une nouvelle pièce, les événements d’Sous-titre sont a priori caducs dans Deltarune. Néanmoins, Toby Fox est coutumier d’une narration qui brise allègrement le quatrième mur et, franchement, je ne serais pas si surpris que les deux jeux finissent par se rejoindre d’une manière ou d’une autre à terme.

On aura le temps de le voir venir en tout cas. En effet, comme on l’a appris dans ce tout nouvel épisode, 7 chapitres sont prévus au total. Toby Fox a d’ailleurs prévenu que les parties 3, 4 et 5 sortiront en même temps et seront payantes. Car oui, je ne vous ai pas fait part du principal attrait des deux premiers volets : ils sont entièrement gratuits.



Les personnages de « Deltarune » relèvent souvent du mignon, mais aussi de l’inquiétant.


© Toby Fox
Les personnages de « Deltarune » relèvent souvent du mignon, mais aussi de l’inquiétant.

Et Deltarune chapitre 2, c’est bien alors ?

Oui. C’est bien.

Ce n’est cependant pas parfait, bien évidemment. Deltarune n’est pas le plus beau jeu vidéo de la décennie ni de celle d’avant, d’ailleurs. Il serait toutefois injuste de ne pas constater les immenses progrès qui ont été faits depuis Sous-titre et le chapitre 1. On sent que Toby Fox a arrêté sa carrière d’homme-orchestre, ce qui permet des graphismes plus léchés, plus colorés, plus vivants.

Le jeu relève toujours d’une linéarité crasse, ce qui n’est pas nécessairement un défaut, mais il faut être averti. Le jeu peut facilement être assimilé à une succession délicieusement rythmée de sketchs et de combats, avec quelques secrets à trouver çà et là.

Plus discutable, Toby Fox a décidé dans ce chapitre 2 de reprendre quasiment à l’identique la structure narrative du premier. Après les six heures que demande ce volet, on ne peut s’empêcher d’avoir un arrière-goût de déjà joué. En plus beau, plus long, plus riche, certes, mais dans les mêmes clous malgré tout. Une telle similitude peut se comprendre, surtout maintenant que l’équipe de développement a atteint son rythme de croisière. On pourrait ainsi prendre ce chapitre 2 comme le véritable chapitre 1, et le chapitre 1 comme un pilote, un canevas. Cependant, avec 5 autres volets au menu, Deltarune aurait intérêt à varier son agencement narratif sous peine de courir le risque d’être lassant.

Doit-on vraiment aborder l’aspect musical de Deltarune ? Toby Fox est compositeur de métier (pour la petite histoire, sa notoriété lui a permis de signer une piste dans le dernier Pokémon) et la bande-son est sublime, comme d’habitude. On continue d’osciller entre thèmes électriques de boss énervés et ballades acoustiques et mélancoliques exécutées au piano ou à la guitare sèche. Toujours aussi attaché à ses leitmotivs, Toby Fox prend systématiquement un malin plaisir à entremêler sa musique à ses personnages ainsi qu’à sa narration, allant parfois jusqu’à faire référence à ses précédents jeux et travaux personnels.

Faut-il avoir fait « Undertale » ?

C’est mieux, mais ce n’est pas obligatoire. Après tout, Sous-titre est là, terminé, prêt à être joué et il est très régulièrement mis en solde notamment sur PC (sans parler de son prix de base de 10 €, déjà très abordable).

Sur PC, il a de surcroit été traduit en français de manière non officielle par une communauté dévouée et des retours que j’en ai eus, elle est soignée. Et si le chapitre 1 de Deltarune a également eu droit au même traitement, il faudra attendre un peu pour le chapitre 2.

Undertale est disponible sur PC, Mac, Switch, consoles PlayStation et consoles Xbox. Deltarune chapitre 1 est disponible sur PC, Mac, Switch et PS4. Deltarune chapitre 2 est disponible sur PC et Mac



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